lundi 26 octobre 2009

Série Noire

Je ne connais pas cette femme. Je l'ai vue une seule fois au cours de 25 dernières années. Tout l'art de mon père de se brouiller avec la terre entière, sa famille en premier lieu. Pourtant elle est ma tante, la femme du frère de ma mère et je garde un bon souvenir de l'unique rencontre dont je me souviens. A 64 ans seulement elle vient de décéder d'une brutale crise cardiaque, que rien n'avait laissé présager. Difficile de s'émouvoir de la disparition de quelqu'un qu'on ne connait finalement pas hormis le fait que l'on fasse partie de la même famille. Mais le son de la voix de ma mère lorsqu'elle m'a appris la nouvelle a éveillé en moi d'autres craintes. Celle notamment de la voir, elle ou mon père partir un jour, de cette manière, sauvagement. Et indéniablement c'est à cela qu'elle pensait elle aussi en me parlant. Pourtant c'est bien ainsi que tout se passera, le scénario est gravé dans le marbre. Chaque minute qui passe nous rapproche un peu plus de la tête de la liste. Parfois lentement, parfois brutalement comme ce fut le cas cette fois-ci. Ce soir ma mère est auprès des siens, de SA famille dont elle est trop souvent coupée. Et je sais que quelque part, malgré les circonstances et la douleur, elle est heureuse d'être là et de les retrouver. Et je partage la tristesse de tous ceux qui n'ont pas eu le temps de dire un simple au revoir.

samedi 17 octobre 2009

Je n'ai plus vu ma grand-mère depuis de nombreuses années. L'éloignement d'abord puis la maladie qui l'a isolée dans son monde. Terrible dégénérescence qui lui a fait oublier qu'elle avait des enfants, petits et arrières et même ce qu'elle avait fait au cours des 90 et quelques années précédentes. Nous savions tous qu'un jour où l'autre on nous annoncerait sa mort et quelque part nous pensions que ce n'était pas la pire des solutions. Mais quand le téléphone sonne et qu'on nous apprend la nouvelle, on est soudain mis face à la réalité et la certitude de la fin de quelque chose devient tout à fait insupportable. Pourtant je n'ai jamais été proche de ma grand-mère. Je l'ai souvent trouvée injuste, mauvaise langue et à l'opposé de ma définition de la grand mère idéale. Mais elle n'en demeure pas moins quelque part la représentation de mes origines et somme toute je l'aimais et la respectais. Elle s'est éteinte doucement ce matin alors que rien ne le laissait présager, rendormie pour de bon après son réveil matinal, sans témoin, sans souffrance. Je traine cette mélancolie depuis lors, ce petit étranglement permanent qui s'estompera lorsque la vie aura repris le dessus. RIP.

samedi 3 octobre 2009

Zeeland

L'irruption soudaine dans mon existence de C. m'a obligé à revoir de fond en comble mes priorités, mes habitudes, ma vie. Quelqu'un avait dit que ne pas avoir de vie à soi incitait à la raconter sur un support public mais que le jour où l'on commençait à avoir quelque chose de bien à vivre, on n'en avait plus besoin. Je ne suis pas aussi catégorique mais il est évident que le manque ou l'absence demandent à être comblés. Même par l'écriture.
Evidemment lorsqu'on commence à ne plus chercher une chose particulière mais qu'on se résigne à se contenter d'ersatz, on tombe sur l'exemplaire rare tellement recherché. Ou ce qui y ressemble.
Et force est de constater (tout de même ... ) que les changements de vie sont plus aisés que je ne le supposais et que j'y trouve presque du plaisir. Comme quoi.
Somme toute il faut garder les pieds sur terre. Et si les attitudes sont équivoques et les paroles éloquentes, je refuse de sombrer dans la béatitude forcée.
A ce sujet, j'observais il y a quelques jours à la terrasse du restaurant où nous dinions les couples autour de nous. Elle racontant je ne sais quel événement de sa journée en jetant d'innombrables regards alentours, lui les yeux rivés sur sa montre. Et je me disais que si la vie du pédé moyen est triste, celle de l'hétéro de base ne l'est pas moins, seulement agrémentée des fêtes chez les beaux parents et du loisir de se tenir par la main dans la rue, du moins tant qu'ils se supportent ... Le schéma est réducteur et le constat sévère, mais tellement vrai...
Voilà donc où nous en sommes alors que près de deux mois se sont écoulés, l'engagé est à présent libéré, les effets personnels commencent à trouver leur place en dehors de leur foyer, les confidences se font plus intimes, les mots plus précis. Le basique de la vie quotidienne commence à être partagé, la gêne refoulée disparaît, les vieilles histoires refont surface et se racontent, l'envie de passer du temps ensemble se fait plus pressante, parfois douloureuse, la frustration est difficilement gérable. Mais il n'est pas question de précipiter les choses, de refaire les erreurs du passé. De part et d'autres les choses sont claires.
Finalement ce sera la première fois qu'un cadeau d'anniversaire ne me lasse pas après quelques heures. Il ne me reste qu'à trouver son expéditeur pour l'en remercier :-)