lundi 24 août 2009

Dad, your son is a f*cking fag



Voilà bien longtemps que je n'avais plus passé plusieurs jours d'affilée avec mes parents. Venus me visiter, j'ai bien entendu servi de chauffeur, guide et accompagnateur. Cela m'a permis de changer quelque peu mes habitudes (une de mes résolutions) et de m'aérer l'esprit, chose ô combien nécessaire tant le travail puis la rencontre avec C. m'avaient fatigué et perturbé ces derniers temps.
J'avais décidé de ne rien ou presque changer à mes habitudes et de ne pas me cacher derrière une façade lisse / d'hétéro moyen / de bons fils. J'allais dire et faire comme je l'entendais. L'étourderie m'y a aidé puisque j'avais laissé traîner malencontreusement (je le jure) une poignée de préservatifs et un petit flacon brun magique à la vue générale. J'ai discrètement rangé le tout mais sans doute (je pense) trop tard (et j'étais quand même un peu gêné...). Encore heureux que ma mère n'ait pas décidé de faire du rangement elle aurait pu trouver des choses nettement plus embarrassantes :o) Ensuite j'ai vu mon père se pencher sur certains bouquins de ma bibliothèque et faire un commentaire à ma mère. Oui cher père mais l'époque où ces ouvrages disparaissaient par magie la veille de ton arrivée est révolue. Ton fils est pédé. Et pas qu'un peu. Faudra bien t'y faire. D'ailleurs si tu avais fait attention à lui au cours des 30 années passées, tu t'en serais rendu compte. J'ai croisé de nouveau un regard réprobateur lorsque je me suis retourné en rue sur un joli garçon, histoire de voir si l'arrière du souriant passant valait l'avant. C'est une fâcheuse habitude que j'ai, un jour elle me jouera des tours. Ma mère fit semblant de ne rien remarquer (ou n'a rien remarqué, en même temps j'en sais rien).
Tout ceci me fait penser que loin de vouloir les choquer, je suis enfin capable d'affronter cela, leur regard. Je ne dis pas assumer car assumer d'être gay c'est un peu comme assumer d'être noir. Or on assume pas ce qu'on est, mais bien ce qu'on fait. Somme toute, l'idée n'est pas de les déranger dans leur petite vie tranquille. Alors même que je ne ressens pas le besoin de leur dire quoi que ce soit. Ca ne les regarde finalement pas, ils n'ont rien à voir là dedans. Un jour peut-être. En attendant, je les aime profondément.

2 commentaires:

Corinne a dit…

Yes, très bien de ne pas planquer les bouquins. Et l'acte manqué malencontreusement-je-le-jure ^^

Tu le dis si justement : on ne peut (on ne devrait avoir à) assumer que ce qu'on FAIT, pas ce qu'on EST !

Je peux me tromper ? Je n'arrive pas à croire vraiment qu'une mère puisse ne pas savoir, pas se douter. Se voiler la face, peut-être ? Ou bien tout simplement considérer que ce n'est pas à elle d'en parler, mais à toi, même si sans doute elle en meurt d'envie ? ... je ne sais pas. Enfin je dis ça, tu es le mieux placé hein ...

Par contre, j'ai tendance à croire qu'être capable d'exprimer les mots contribue à éliminer les maux qui peuvent parfois naître de l'incapacité à les dire (ou de l'obligation de les taire)
Parce que c'est tjrs forcément une blessure de devoir "couper" (occulter, taire) une partie de soi-même, non par choix, mais pour "rentrer dans le moule".
Et que de toute évidence, tu as fait un grand pas en ce sens (et les a aidés, eux, à le faire) à coup de bouquins, de préservatifs et de reluquage de souriant passant ^^


Enfin, trêve de bavardages (quand je m'y mets...), l'important, la seule chose importante, c'est bien ça, c'est que tu n'es finalement "que" toi. Olivier. Ni plus, mais ni moins. Leur fils, tel qu'il est, a été, et sera. Et que le savoir ou pas n'y changera jamais rien de rien. Que pourrais tu leur expliquer de plus ?


PS. En Belgique peut-être, mais en France il ne me semble pas coutumier de "se retourner en rue", mais plutôt de "se retourner dans la rue"...
Par contre, l'on peut tout à fait "se retourner en rut" ;)
(scuse, je sors ^^)

c. a dit…

Je n'aurais su dire mieux ;)