Je ne regarde ordinairement les prix littéraires que du coin de l'oeil, laissant aux autres le loisir d'acheter chaque année le Goncourt ou l'Interallié, tellement je trouve écoeurant le marketing autour de ces livres (rien à voir avec la qualité des ouvrages bien entendu). Au mieux acheté-je l'un d'eux pour mon père s'il montre de l'intérêt pour l'une de ces lectures.
Je viens de faire une exception pour le Prix Femina de cette année, au vu du buzz assez phénoménal que ce bouquin a créé, et notamment les commentaires plus que positifs entendus dans mon entourage proche.
Jean-Louis Fournier est un auteur prolixe. Je pense avoir lu quelque chose de lui il y a quelques années. Mais celui-ci est tout simplement admirable.
Ca parle de quoi? JLF a eu trois enfants dont les deux premiers sont handicapés. Et ce livre est une lettre à ses deux fils, lettre qu'ils ne liront jamais, le premier étant décédé et le second dans une institution spécialisée "avec un cerveau de paille".
Tout au long de la lecture (au plus 3 heures, j'ai terminé à deux heures du matin parce que c'est un bouquin qu'on ne lâche pas) j'ai été partagé entre plusieurs sentiments. La révolte contre l'injustice d'avoir deux enfants handicapés, l'admiration pour ce père qui a dû et doit encore porter ce fardeau, l'amusement du "politiquement incorrect" qui effleure parfois le discours et finalement l'affection qu'on ressent pour JLF et ses enfants. Parce que la totalité du livre n'est qu'un immense cri d'amour pour ces enfants qui jamais ne le comprendront ni ne le rendront à leur père. Je trouve aussi admirable le détachement dont il fait preuve pour refuser la condescendance et la pitié. Et forcer les autres à ne pas rester indifférent à cela.
Parce que nous sommes tous les mêmes. Nous avons peur de la différence. Et commencer toutes ses phrases par le mot tolérance n'est que le symptôme d'une intolérance profonde "Il est handicapé/noir/pédé mais je l'aime bien" est finalement le début de la discrimination. Et Jean-Louis Fournier ne dit rien d'autre avec tout le talent dont il se révèle capable.
Où on va papa ? - Jean-Louis Fournier
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