dimanche 10 mai 2009

Question de chance


Je rencontre souvent dans le cadre de mes activités professionnelles des profils que je qualifierais de "clonables" c'est à dire que les personnes ont le même parcours, terminé des études brillantes, ont les mêmes aptitudes techniques ou linguistiques, le cerveau apparemment correctement développé et une motivation forte. Et pourtant, parmi ces clones, certains réussissent et d'autres pas.

Ainsi je me faisais la réflexion en comparant deux de mes collègues. Je les ai embauchés en même temps, sur le même job au sein de la même équipe, pour exercer exactement les mêmes tâches dans des conditions semblables. Quelques mois plus tard, force est de constater que l'évolution n'est pas parallèle. Ainsi le plus expérimenté des deux se retrouve dans l'incapacité totale de progresser. Souvent découragé et interrogatif devant l'utilité de sa tâche, ne pensant finalement plus qu'à la délivrance de l'heure qui avance. L'autre dont c'était le premier job a très vite montré de belles qualités, de l'ambition et de l'abnégation, du courage et progresse régulièrement, au point d'être candidate à une promotion sous peu. Le premier a toujours eu cette farouche volonté d'exercer ce métier, en rêve continuellement, en a -j'en suis certain- toutes les qualités et trouverait la motivation pour progresser sans nul doute. Et pourtant ... rien. La seconde, à peine effleurée par l'idée il y a quelques mois, se rend compte des portes qui s'ouvrent grand devant elle, et n'a plus qu'à s'y engouffrer.

Question de chance m'a-t-on répondu. Non je ne crois pas. Je crois très fort en "ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas l'être" ou "ce qui est écrit" mais plus encore à cette espèce de faculté innée et souvent inconsciente qu'ont certains de mettre en place, dans un ordre qui leur appartient les briques nécessaires à la construction d'un mur, sans que cela ne soit visible par quiconque, sans doute même pas par eux même. Le tout allié à une certaine persévérance et une définition claire des priorités.

Somme toute, il restera même pour les meilleurs une part d'impondérables, d'incompréhension et même ... de malchance.

2 commentaires:

Corinne a dit…

Ca me fait penser à une petite histoire, prêtée à l'architecte de la cathédrale Saint-Paul, qui, croisant trois tailleurs de pierre, les a interrogés sur ce qu'ils faisaient.

Le premier lui répond "Je suis tailleur de pierre, je taille des pierres." Le second : "Je suis tailleur de pierre, je construis un mur."
Et le troisième dit : "Je suis tailleur de pierre, je construis une cathédrale."

Les trois ont le même métier ! :)

Mais finalement : qu'est-ce qu'un "métier" ? Pour moi, être bâtisseur, ne se résume, en réalité, pas à apprendre à tailler des pierres et/ou à empiler des briques et/ou à fabriquer du béton ou du verre armé. C'est, déjà, apprendre à ramasser ce qu'on a sous la main, et se mettre à bâtir.

Avant le "métier" (la méthodologie, le moyen), c'est surtout la capacité à relier un but et un contexte qui permet d'avoir une approche appropriée à une situation, qui ne le sera pas à une autre.

Peut-être certains pensent-ils trop en termes de métier, justement ? (D'ailleurs c'est amusant que tu l'écris presque à propos du premier de tes candidats : il a pourtant "une farouche volonté d'exercer ce métier")

Enfin je ne sais pas pour le tien, mais en tout cas, j'ai souvent vu des gens comme cela. Au final leur regard ne porte pas assez loin, parce qu'ils se concentrent sur ce qu'ils savent / ont appris à faire, au lieu de réfléchir à ce qu'il faut faire ! ;)

Olivier a dit…

Finalement on aurait dû écrire ce post à 4 mains, parce que tu viens de dire ce qu'il me manquait. On y parle tous deux de pierres, de métiers et ensemble ... on va lancer une boite de consulting ;o)